On l’a tous entendu dire et en fait, nous l’avons probablement tous dit nous aussi à un moment ou à un autre ces dernières semaines : « Nous vivons des temps sans précédent. »
À l’heure où plusieurs pays se retrouvent en situation de confinement et qu’en raison du nouveau coronavirus les gens ne sont autorisés à sortir de chez eux que pour quelques raisons très spécifiques, plusieurs personnes se sont retrouvées en terrain périlleux, celui d’une nouvelle normalité.
Pour certains d’entre nous cependant, cela a des airs de déjà vu. C’est que pour ceux qui ont dû lutter contre le cancer ou qui ont souffert d’une autre affection physique ou mentale prolongée, l’idée de l’isolement volontaire, de la distanciation sociale et de la quarantaine n’a rien de bien nouveau.
Nous sommes déjà passés par là. On connaît la marche à suivre.
Cela ne nous rend pas les choses plus faciles; ça signifie tout simplement que nous disposons de quelques méthodes que les autres n’ont peut-être pas pour faire face au scénario inhabituel dans lequel se trouve la nation.
J’ai reçu un diagnostic de cancer du sein en 2015 et, entre aujourd’hui et cet étrange moment où j’ai plus d’une fois dû combattre des sepsies neutropéniques à cause de la chimiothérapie qui mettait mon système immunitaire à rude épreuve et où une dizaine de chirurgies m’ont enlevé toute possibilité de faire quoi que ce soit pendant plusieurs semaines, je vois de nombreux parallèles.
Cela fait maintenant quatre ans que j’ai terminé mon traitement actif et jamais je n’ai pensé que je me verrais de nouveau contrainte à devoir rester entre les quatre murs de mon adorable appartement. Je suis extrêmement reconnaissante d’être en bonne santé et de ne pas me trouver dans la catégorie des personnes « vulnérables », mais l’annonce du confinement faite par le premier ministre du R.-U. Boris Johnson a quand même fait jaillir une petite étincelle de panique au fond de moi.
Je me suis sentie approcher furtivement du côté sombre de la santé mentale.
Mais pour la communauté des personnes atteintes du cancer, c’est comme si nous avions eu une répétition générale avec des squelettes comme acteurs et que maintenant, pour la première, toute la distribution se retrouvait sur scène. Cette fois-ci cependant, nous en faisons tous partie, aussi l’isolement et la solitude ne sont plus tout à fait le lot de quelques personnes seulement.
La résilience et la croissance personnelle post-traumatique qui ont découlé de la dernière fois où je me suis isolée volontairement me servent aujourd’hui à affronter la situation actuelle et à aider les autres à traverser cette tempête eux aussi. Et donc, qu’ai-je appris sur le maintien de ma santé mentale lors de mon dernier isolement volontaire? Et que puis-je vous apprendre pour que vous puissiez en faire autant en ces temps incertains?
L’une des premières choses que l’anxiété nous ravit, c’est notre respiration. Lorsque nous sommes stressés ou anxieux, notre respiration peut devenir superficielle, ou encore nous avons tendance à la retenir sans même nous rendre compte qu’elle peut avoir toutes sortes d’effets physiologiques négatifs sur notre organisme. L’une des meilleures façons de réduire le stress consiste à respirer profondément et de manière plus consciente, ce qui est réellement utile lorsque notre esprit et notre cœur s’emballent.
Lorsque l’on respire profondément, notre corps indique à notre cerveau de se détendre. Prendre quelques minutes pour s’arrêter et se concentrer sur la sensation que procurent des inspirations et des expirations profondes est une excellente façon de réintégrer son corps, de ralentir sa fréquence cardiaque et d’abaisser sa tension artérielle. Alors essayez-le maintenant. Pendant tout le reste de votre lecture, respirez plus lentement et détendez-vous.
En temps de pandémie, il est certes très important de rester à jour et de savoir ce qui se passe dans le monde, mais consulter constamment son téléphone pour connaître les dernières nouvelles sur l’actualité n’est pas bon pour votre santé mentale.
Parcourir incessamment les médias sociaux n’est guère mieux. Sans nous en rendre compte, nous nous en faisons beaucoup avec ce que nous lisons. Alors promettez-vous de ne regarder les nouvelles ou de ne consulter vos flux sociaux que quelques fois par jour seulement. Si vous le pouvez, éteignez votre téléphone cellulaire.
Entre la dernière fois où j’étais en isolement et la situation que nous vivons actuellement, la principale différence est que cette fois, nous sommes tous dans le même bateau. À l’époque, je ne connaissais qu’une poignée de personnes qui vivaient les mêmes choses que moi pendant mon traitement du cancer. Mais à présent, quoi que vous ressentiez, vous pouvez être sûr que quelqu’un d’autre ressent la même chose.
Tournez-vous vers vos amis et votre famille. Même sans les voir, leur parler en ligne de vos inquiétudes et sentiments est la meilleure façon de traverser l’un des moments sans doute les plus difficiles et troublants de votre vie.
À l’heure actuelle, plusieurs d’entre nous ne sommes autorisés à sortir que pendant une période limitée, et certaines personnes qui se protègent du coronavirus ne le sont pas du tout. Mais si vous le pouvez, il est important d’aller dehors (tout en respectant les consignes gouvernementales) et de bouger. Sentir l’air caresser votre peau et le soleil vous réchauffer le dos fait du bien, surtout quand par ailleurs vous passez beaucoup de temps à l’intérieur.
Il existe aussi des tonnes d’applications, de site Web et de vidéos en ligne qui peuvent vous aider à faire de l’exercice à l’extérieur si le cœur vous en dit. Prévoyez un moment de la journée pour sortir prendre une dose d’air frais et de vitamine D, et faites-le chaque jour. Si vous êtes en quarantaine, ouvrez une fenêtre et tenez-vous à côté aussi longtemps que vous le pouvez. Il n’y a rien comme l’air frais pour se changer les idées.
Tout cela étant dit, il arrive parfois qu’on ne puisse échapper aux sentiments négatifs; et en fait, les fuir peut empirer les choses encore plus. Il est important de reconnaître ses sentiments et de se rappeler que ce que nous éprouvons à l’égard de cette étrange situation n’a pas à être bon ou mauvais.
Un jour, sachez-le, nous connaîtrons le retour du balancier et les choses rentreront dans l’ordre. Ce sera de nouveau la joie et nous rirons à gorge encore plus déployée que nous ne l’aurions jamais cru. Le soleil resplendira de nouveau et nous aurons tout le loisir d’en profiter toute la journée durant. Nous aurons surmonté ces temps difficiles et, en cours de route, nous aurons beaucoup appris sur nous-mêmes.