Les gens ont tendance à passer beaucoup de temps devant leurs écrans. Que ce soit dans une salle de cinéma ou en rafale sur Netflix à la maison, nous passons de nombreuses heures à regarder des séries télé et des films.
Il est tellement facile de s’assoir pour se détendre et savourer une histoire sans prendre le recul nécessaire pour s'interroger véritablement sur ce qu’on nous présente. Il est pourtant très important d’éveiller notre conscience et d’être critique à l’égard de ce que nous visionnons.
Quel est le message que cette émission ou ce film tente de faire passer? La vie est-elle illustrée de manière réaliste ou acceptable? S’agit-il d’une représentation juste? Qu’en penserait une personne qui souffre de dépression?
Je suis d’avis qu’un changement important s’est amorcé. Les représentations stigmatisantes et stéréotypées de la maladie mentale résultant d’une piètre écriture sont de moins en moins fréquentes. Maintenant qu’un nombre grandissant de personnes commencent à parler ouvertement, à se porter à la défense d’une juste représentation et à élever leur voix pour critiquer ce qui est néfaste dans le monde du divertissement, nous commençons à voir à l’écran des personnages plus vrais, plus honnêtes et plus réfléchis.
Mais il y a encore beaucoup à faire.
Voici une liste de ce qui s’est fait de bon et de mauvais, selon moi, parmi les émissions télé et les films qui montrent la dépression.
Dès sa sortie, cette série a grandement alimenté les conversations et fait l’objet de nombreuses critiques. Le plus gros problème, à mon avis, c’est qu’on y brosse un portrait romantique du suicide.
Dans cette émission, le suicide est montré comme un moyen de se venger contre une personne qui vous a fait du mal. On y présente une vision irréaliste des répercussions de la mort d’une personne qui s’est enlevé la vie.
Le scénario va à l’encontre des recommandations de l’organisme Reporting on Suicide, qui ont été élaborées par des spécialistes de la prévention du suicide et des journalistes. Non seulement a-t-on omis de donner de l’espoir (en expliquant comment le personnage principal a cherché ou aurait pu chercher à obtenir de l’aide), mais on y montre comment le suicide a été commis.
Ce film a beaucoup de qualités; c’est une très bonne illustration des effets des problèmes de santé mentale. Malheureusement, le message de la fin laisse entendre que l’amour ou une relation est la solution aux troubles de santé mentale.
Mais la vie — surtout quand on est aux prises avec la dépression ou d’autres problèmes de santé mentale — est nettement plus compliquée que ça. Bien souvent, l’essai de différents médicaments et de différentes thérapies pendant plusieurs années est nécessaire pour traiter la dépression avec succès.
Nous avons besoin d’histoires fictives qui décrivent cette réalité. Celles-ci nous permettront d’accepter plus facilement nos problèmes de santé mentale et nous inciteront à prendre les mesures nécessaires pour y faire face et nous en remettre.
« BoJack » a fait beaucoup jaser, et pour cause. Cette émission présente avec justesse et sans filtre les pensées et le monologue intérieur qu’entretiennent bon nombre d’entre nous lorsque nous sommes aux prises avec la dépression.
On la qualifie de « comédie la plus triste », mais je pense que c’est ce qui la rend aussi percutante. Dans de nombreuses émissions, on se contente d’insérer la dépression dans le scénario quand ça semble opportun, alors que cette émission-ci porte essentiellement sur la vie avec la dépression. Dans la vraie vie, la dépression ne se présente pas uniquement quand ça convient; pourquoi alors la traiter de cette façon dans une intrigue?
J’ai été agréablement surpris par le personnage d’Elliot dans la série « Mr. Robot ». De nombreuses scènes de cette émission présentent des situations que j’ai déjà vécues moi-même. Pour cette raison, je me suis senti proche de ce personnage, ce qui m’a donné l’impression de ne pas être seul à mener mon combat. À l’instar de « BoJack », cette émission dépeint très bien la réalité crue. Qui plus est, compte tenu de la qualité du jeu d’acteur, il est plus facile de s’identifier à Elliot qu’à un cheval d’un dessin animé.
Par ailleurs, « Mr. Robot » contribue à la diversification des représentations de la santé mentale, qui se fait progressivement à bien des égards.
Je tenais à accorder une mention spéciale à cet incroyable film animé qui a su dépeindre avec grande éloquence les différentes émotions et leur incidence sur notre santé et notre intelligence émotionnelles. C’est un film que les jeunes devraient absolument voir pour en tirer des leçons.
Même si cette histoire ne porte pas explicitement sur la dépression, je ne peux m’empêcher d’y voir un lien avec le tort causé par l’incapacité à exprimer ses émotions chez les jeunes (particulièrement chez les jeunes hommes).
La responsabilité de bien représenter la santé mentale à l’écran n’incombe pas uniquement aux scénaristes, aux studios de cinéma et aux critiques. J’ai souvent fait l’erreur de regarder une émission ou un film de manière insouciante, pour remarquer ensuite que ses créateurs avaient subtilement (ou manifestement, parfois) échoué dans leur tentative de représenter les troubles de santé mentale.
Il y a deux choses que vous pouvez faire. Lorsque les troubles de santé mentale sont mal représentés dans une émission ou un film, contribuez à le faire savoir en alimentant la conversation sur cette question. Lorsqu’à l’inverse, le travail a été bien fait, répandez la nouvelle et célébrez!
Plus nous consacrerons de temps, d’attention et d’argent aux histoires qui dressent un portrait juste, plus il sera facile pour nous tous de faire face aux troubles de santé mentale comme la dépression, et de comprendre et soutenir les personnes qui en souffrent.