Être étranger à la souffrance d’un être cher atteint du cancer peut être extrêmement difficile durant le traitement. Mais une fois la chimiothérapie terminée, ce peut l’être encore plus.
Les mesures que l’on peut prendre pour soutenir le malade durant le traitement actif sont assez claires. Mais qu’en est-il à la fin du traitement?
Plusieurs personnes pensent que la fin du traitement signifie la fin du parcours. Mais en fait, cette étape peut marquer le début d’une dépression, d’un état d’anxiété ou d’une détresse émotionnelle ou physique.
Tandis que les dommages collatéraux du diagnostic continuent, les mots d’encouragement et le soutien commencent à se faire plus rares, laissant souvent le patient aux prises avec un sentiment de solitude et l’impression d’avoir été oublié.
Pendant le traitement de mon cancer du sein, mon mari était mon roc. Homme d’action, il est toujours prêt à tout. Il est venu à chacun de mes rendez-vous, a pris des notes, s’est occupé de mes médicaments et m’a guérie grâce à ses soins.
En voyant la fin du traitement approcher, je fus envahie par un nébuleux sentiment de crainte. J’étais habituée aux rendez-vous périodiques, aux examens de contrôle et à la surveillance. Mais la peur de l’inconnu a fini par me paralyser.
Je me sentais très isolée et seule dans ma peur et ma tristesse, mais mes amis et ma famille présumaient que j’allais bien. Ils s’attendaient à ce que la vie redevienne « normale ».
Or tout avait changé. Le cancer n’avait pas simplement disparu du jour au lendemain. Telle une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, il menaçait de récidiver à tout moment.
N’aurais-je pas dû simplement me réjouir d’être en vie et d’avoir fini le traitement? C’est ce que j’aurais voulu, mais la dépression s’est aggravée. J’étais consumée par ma crainte, ma culpabilité et ma tristesse.
Mon mari, qui jusque là avait pris une part active dans toutes les étapes de mon traitement, vit que je commençais à m’isoler et n’était plus sûr de savoir comment m’aider.
J’éprouvais difficile d’entrer en relation avec mon entourage. La crainte d’une récidive hantait toutes mes pensées, de même que l’appréhension d’avoir à reconstruire ma vie après le cancer.
Ce n’était pas la première fois que je souffrais de dépression. En fait, la dépression m’a aidée à reconnaître que je m’enfonçais dans un cercle vicieux, et elle m’a fait prendre conscience qu’il était temps que je cherche de l’aide.
Je me suis tout d’abord tournée vers mon mari. Notre relation s’appuyait sur de solides fondations faites de communication ouverte et je savais que la seule chose qui m’empêchait d’obtenir de l’aide était ma propre réticence à partager ce que je vivais.
La toute première étape a donc été de lui faire part de mes véritables sentiments. S’ouvrir ainsi à quelqu’un et reconnaître à quel point la crainte m’avait consumée avait quelque chose de terrifiant, pourtant, cela m’a aussi libérée.
Je ne me sentais désormais plus seule dans mon sentiment de tristesse et d’impuissance.
Mon mari et moi avons convenu que j’avais besoin d’une aide professionnelle. La dépression avait commencé à m’empêcher d’accomplir mes tâches quotidiennes et je ne dormais plus la nuit.
La première chose que j’ai faite pour me rétablir a été de consulter un thérapeute spécialisé dans le traitement des survivants du cancer. Avec les médicaments, la thérapie m’a aidée à retrouver peu à peu ma santé mentale.
Le temps était venu de redéfinir ma relation avec mon mari. Je lui devais bien ça. Je pris donc la résolution de l’aider à trouver de nouvelles façons de me soutenir.
Nous avons décidé d’aborder la question du soutien dans une nouvelle perspective. Les gestes utiles, comme au temps du traitement, n’étaient plus nécessaires.
À présent, ce dont j’avais besoin, c’était de soutien affectif. Nous avons dû réapprendre à interagir l’un avec l’autre, réfléchir à la manière dont nous allions mener notre vie après le traitement et revoir la façon de répondre à nos besoins mutuels.
Je devais réfléchir aux actions qui pourraient me procurer le soutien affectif dont j’avais besoin. Cela m’a pris un certain temps pour y penser.
En me creusant les méninges, j’ai fini par dresser une liste de choses qui, je crois, me donneraient le sentiment d’être soutenue sur le plan émotif. Parmi ces choses il y avait :
* me demander « comment ça va les émotions aujourd’hui? », pour aller droit au but;
* m’étreindre et me faire des bisous;
* se blottir avec moi dans le creux du canapé sans « faire » quoi que ce soit;
* me préparer à manger;
* me prendre dans ses bras lorsque je pleure;
* me demander comment a été ma journée;
* offrir de m’écouter tout simplement, plutôt que de « m’offrir des solutions ».
Cette liste de choses qu’il peut faire pour me témoigner son amour et me soutenir émotivement a vraiment aidé mon mari.
Comprenez-moi bien. Notre relation et notre dynamique de soutien n’ont pas changé du jour au lendemain. Il nous a fallu faire des efforts et être francs l’un envers l’autre.
Ce faisant, nous avons tous deux appris à mieux exprimer nos besoins et nos émotions.
Au cours des années qui ont suivi mon diagnostic, mon mari m’a soutenue de plusieurs façons. Par des gestes, par le toucher, et même en m’écrivant de petits mots d’encouragement. La clé de notre succès et de ma guérison a été une communication ouverte constante.
Même si vous avez fini le traitement, n’hésitez pas à vous ouvrir aux personnes que vous aimez si vous avez peine à vivre avec les suites d’un diagnostic de cancer.
De même, en tant que soignant, ne craignez pas de partager les difficultés que représente le soutien d’un être cher. Après le cancer, vous jouerez très certainement un rôle vital dans sa sa guérison émotionnelle.
Oui, faire des changements sera difficile pour l’un comme pour l’autre. Il vous faudra peut-être modifier certaines habitudes et communiquer autrement, mais l’important, c’est de ne pas abandonner.
Soyez ouverts quant à vos besoins et soyez disposés à essayer de nouvelles choses. Avec le temps, vous en sortirez tous les deux grandis.
Pour plus d’information sur la prise en charge d’un diagnostic de cancer, adressez-vous à votre médecin ou à votre équipe de soins de santé.