Voici un mème populaire qui circule sur Internet :
"C’est facile d’être parent. C’est comme monter à bicyclette. Sauf que la bicyclette est en feu, vous êtes en feu, tout autour de vous est en feu, et vous avez parfois l’impression d’être en enfer".
En tant que parent d’une fille de 12 ans, c’est souvent l’impression que je ressens. Ajoutez à cela le rôle d’aidant auprès de ma partenaire : il n’y a pas de mots qui décrivent exactement l’enfer que je vis par moments. Ne vous méprenez pas, les rôles de parent et d’aidant sont très gratifiants, particulièrement lorsqu’on réussit à surmonter l’un des principaux obstacles auxquels se butent les aidants : le manque de temps.
Lorsque je travaillais en entreprise, je m’en voulais souvent lorsque je n’arrivais pas à compléter ma liste quotidienne de tâches à faire. Comme je ne suis pas une personne particulièrement organisée et efficace, j’ai essayé – sans succès – pratiquement tous les systèmes de gestion du travail qui existent. Je crois, cependant, être en mesure d’accomplir des tâches dans des circonstances ou d’autres échoueraient.
Maintenant que je suis plus vieux, plus sage et que je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même la plupart du temps, je ne me sens plus aussi angoissé. J’ai appris à mieux établir les priorités, à fixer des attentes raisonnables et à me ménager lorsque je vis un échec. Afin de vous aider à mettre à profit le temps dont vous disposez dans une journée, j’aimerais vous donner un aperçu de la mienne, ainsi que quelques conseils pour que votre journée vous semble plus paradisiaque qu’infernale.
Je ne suis pas matinal. Au collège, je ne choisissais jamais des cours qui commençaient avant 11 h le matin, ce qui est ironique, puisqu’aujourd’hui, je me lève à 6 h 30 chaque matin pour réveiller les autres membres de la maisonnée.
Ces temps-ci, je me lève tôt, je m’occupe du chien, je réveille les autres, j’allume les lumières et le chauffage, je vérifie ce qui est inscrit au calendrier ce jour-là, je prends parfois une douche et je me sers ma première tasse de café. Ensuite, j’aide ma fille à se préparer et je la dépose à l’école, ce qui prend habituellement environ une heure. Puis, je prends mes médicaments du matin (eh oui, il est également important de prendre soin de vous-même), je déjeune, je prends une deuxième tasse de café et je planifie le reste de la journée.
Un de mes plus gros défis, en tant qu’aidant, c’est le fait que chaque journée est différente, tant en ce qui concerne mon emploi du temps que l’état de santé de ma conjointe, qui est imprévisible. Je ne sais jamais exactement ce qui m’attend au sortir du lit. Je passe généralement le restant de la matinée à répondre aux besoins de J. Ainsi, je l’aide à prendre sa douche, à faire sa toilette, à manger et à se rendre à ses rendez-vous médicaux.
Je consacre habituellement mes après-midis aux rendez-vous de J. ou à régler tout problème qui la concerne, ainsi qu’aux tâches domestiques comme la lessive, les finances, la planification et toute autre tâche imaginable. Je prends aussi le temps d’écrire mon blogue.
Je n’ai environ que trois heures pour faire tout cela, car ma fille rentre de l’école vers 15 h. À ce moment-là, je reporte mon attention sur elle, y compris ses rendez-vous et ses devoirs. Je dois aussi commencer à penser au souper. L’après-midi est le moment de la journée où je suis le plus susceptible de ne pas pouvoir accomplir une tâche, étant donné que des problèmes surgissent inévitablement, m’obligeant à réorganiser mon horaire.
En soirée, mon énergie redescend, ce qui peut en faire le moment le plus stressant de la journée. Je m’assure que tout mon monde a été nourri (y compris le chien), que ma fille est prête pour le lendemain, que nous passions du « temps de qualité » en famille, et que ma conjointe et ma fille soient au lit à l’heure.
(Le chien s’endort invariablement à 20 h 30, sans aucune intervention de ma part.)
Une fois que tout le monde est couché et que j’ai terminé de ranger, il est généralement entre 22 h et 22 h 30. Je profite des deux prochaines heures pour faire des choses importantes que je n’ai pas plus faire plus tôt, pour travailler sur des projets ou pour me détendre en regardant la télévision.
Quand tout va bien, je suis au lit vers 12 h 30, ce qui constitue une heure normale pour moi étant donné que j’ai toujours été un couche-tard.
C’est ainsi que se déroulent mes journées environ la moitié du temps. Le reste du temps, un grain de sable vient se loger dans l’engrenage, que ce soit un malaise inattendu, un cauchemar, le mauvais temps ou encore une foule d’autres problèmes. Lorsque cela se produit et que mes nuits sont écourtées, il est impératif que je fasse une sieste au cours de la journée.
Comme chaque personne est différente, nous n’avons pas tous le même degré de tolérance au stress, à l’incertitude et au chaos. Il m’est donc difficile de prédire ce qui fonctionnera dans votre cas particulier. J’aimerais néanmoins partager avec vous les conseils suivants, qui sont inspirés de l’expérience que j’ai acquise en tant qu’aidant, afin de vous aider à alléger vos journées et à en tirer le maximum.
La chose la plus importante que vous puissiez faire est de prendre conscience de vos limites et de vous accepter tel(le) que vous êtes. Soyez conscient(e) de vos habitudes, votre tolérance à la frustration et votre niveau d’énergie. En essayant de repousser vos propres limites, vous ne ferez probablement qu’augmenter votre stress et ne réussirez pas à accomplir bon nombre de tâches.
Vous pouvez améliorer votre endurance et vos comportements au fil du temps en faisant régulièrement de l’activité physique, de même qu’en adoptant certaines habitudes comme la méditation, les siestes et une saine alimentation. Au final, plus vous prendrez soin de vous, mieux vous serez outillé(e) pour prendre soin des autres.
Je dois faire preuve d’une grande souplesse, compte tenu de la nature de la maladie de ma conjointe et de l’âge de ma fille. Si vous prenez soin d’une personne qui a besoin d’être encadrée, vous devez miser sur la planification et la constance. J’établis un plan pour chaque journée, que je gère au moyen de calendriers en ligne et d’une variété de listes. Des haut-parleurs intelligents disposés un peu partout dans la maison me permettent d’accéder instantanément à mes calendriers et mes listes, au besoin. J’ai même installé un haut-parleur intelligent dans ma voiture.
Ce système n’est pas parfait, et il m’arrive de manquer des notifications; mais il est pratique, flexible et, surtout, accessible aux autres personnes qui me donnent parfois un coup de main.
J’essaye toujours d’être le plus efficace possible. Par exemple, lorsque je cuisine, j’en fais plus pour en avoir pour plusieurs repas. Lorsque je commande des mets pour emporter, il m’arrive de commander un plat additionnel pour le lunch ou le souper du lendemain. Lorsque je fais les courses, j’achète les aliments non périssables en double pour m’éviter d’aller à l’épicerie chaque semaine.
Bien que j’aime encourager les entreprises locales, je fais beaucoup de magasinage en ligne, que ce soit pour me procurer des articles uniques dont l’achat exigerait normalement un déplacement à la quincaillerie, ou des articles en grande quantité, comme de la papeterie, pour m’assurer que nous sommes bien approvisionnés.
L’achat d’articles périssables demeure une source de frustration, mais j’ai appris à diminuer le gaspillage en évitant d’en acheter en trop grande quantité.
Pour être honnête, je dois avouer que je n’ai pas suivi ce conseil, mais je devrais le faire. Je n’ai aucun plan b.
Ma soeur m’aide autant que possible, mais s’il fallait que je tombe malade, ou que je me fasse arrêter ou enlever par des extra-terrestres, il n’y aurait personne pour me remplacer au pied levé. C’est une perspective inquiétante, et je suis déterminé à corriger cette situation.
Dans le meilleur des scénarios, ma soeur, certains amis ou un autre membre de la famille se proposeraient pour me donner un coup de main. Dans le pire des scénarios, il faudrait que j’engage quelqu’un pour prendre la relève. Je dis « le pire des scénarios », parce que cette personne ne connaitrait pas notre routine quotidienne, ne pourrait probablement pas s’occuper à la fois de ma conjointe et de ma fille, et nous coûterait probablement pas mal cher.
Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de profiter de chaque jour, de chaque heure et de chaque minute, et de prendre le temps de respirer. Réjouissez-vous de vos réussites et ne vous morfondez pas sur les échecs. Mais surtout, n’hésitez pas à demander de l’aide aux médecins, à des travailleurs sociaux, à votre famille ou à des amis. Au bout du compte, le temps peut jouer en votre faveur.