Travailler en dépit d’une migraine chronique

A woman with glasses sits at her desk, resting her head in her hands, reflecting the struggle of working with chronic migraine.
Getty Images/seb_ra

La douleur causée par ma migraine est omniprésente, ce qui veut dire qu’elle ne me donne jamais de répit, même pas une minute. Malgré cette douleur, je dois travailler — non seulement pour subvenir à mes besoins, mais aussi pour payer mes frais médicaux exorbitants.

Je ne mettrai pas des gants blancs pour le dire : travailler dans la douleur représente un grand défi et ce n’est jamais facile. Du coup, je me remets en question, je me sens anxieuse par rapport à mon rendement et je me demande si c’est moi ou ma douleur qu’il faut blâmer pour mes erreurs.

Au cours de mes nombreuses années d’expérience de travail dans la douleur constante, j’ai découvert des stratégies précieuses :

Commencer la journée du bon pied

Ma « journée de travail avec la migraine » ne commence pas à mon arrivée au bureau. Elle commence dès mon lever.

Dans mon cas, c’est le matin que la douleur migraineuse est le plus difficile à supporter. Tout le monde peut avoir de la difficulté à se lever le matin, mais il est particulièrement difficile de soulever sa tête de l’oreiller quand on se réveille avec une douleur migraineuse sévère — et l’impression d’avoir un poids de 30 livres sur la tête. Bien souvent, c’est impossible. Cela veut dire que chaque matin, je dois commencer à faire du conditionnement mental avant même de sortir du lit.

Chaque jour, je me demande si j’y arriverai. Suis-je capable de lever ma tête? Suis-je capable de prendre une douche? De m’habiller?

La réponse est parfois non. Mais la plupart du temps, je me dis que la réponse c’est oui.

Belle et bien dans ma peau

Une fois que je suis sortie du lit, même lorsque je me sens misérable, je m’efforce de soigner mon apparence pour aller au travail. Cela veut dire que je me lave et je me sèche les cheveux, je me maquille et je porte une tenue qui me donne confiance en moi. Malheureusement, tout cela exige de l’énergie et des efforts.

Pendant longtemps, ma douleur était telle que je ne me permettais même pas de consacrer une once d’énergie à mon apparence. Dans ce temps-là, il y a bien des journées où je laissais la douleur prendre le dessus. Je me traînais jusqu’au travail, les cheveux gras attachés en queue de cheval, habillée en « mou », comme si j’avais baissé les bras avant même que la journée ne commence.

Aujourd’hui, soigner mon apparence est une des choses qui m’aident à me sentir prête et disposée à travailler. Ça veut dire que je peux réellement « me présenter » au travail chaque jour, prête à affronter ce qui m’attend. Ça fait une différence.

Me fixer des priorités

Chaque matin, je revois ma liste de choses à faire, puis je dresse une liste abrégée sur un notocollant des tâches que je sais que je pourrai réellement accomplir cette journée-là. Ensuite, j’inscris un numéro à côté de chaque tâche pour les classer selon leur priorité, de la plus importante à la moins importante. En procédant ainsi, je n’ai plus le sentiment accablant de ne pas pouvoir venir à bout de tout ce que j’ai à faire, ce qui facilite la journée qui m’attend.

Combattre le brouillard cérébral

Ma migraine embrouille mon cerveau, ce qui ralentit énormément ma capacité à réfléchir. C’est un symptôme inévitable que je combats chaque jour. Ce brouillard cérébral me fait me sentir stupide et parler avant de réfléchir. Pour être franche, ça me fait même remettre en question mon intelligence. Il m’est difficile de surmonter cette sensation d’avoir l’esprit embrumé.

Comment est-ce que je compose avec le brouillard cérébral? Je lis et relis tout ce que j’écris un nombre incalculable de fois. Je suis certaine que bon nombre de personnes névrosées relisent trop de fois leurs courriels, même une fois qu’elles les ont envoyés — oui, ça existe! Dans mon cas, ça me permet de travailler avec la migraine.

Et même si je suis certaine que ça nuit à ma productivité, j’ai une peur bleue que mon brouillard mental me fasse faire des erreurs. Ces vérifications multiples diminuent mon anxiété — ainsi que le nombre de coquilles.

Informer mes collègues

Lorsque la douleur est sévère et qu’il m’est impossible de la cacher, je le dis à mes collègues. Cela se produit généralement lorsque j’ai des nausées et que je veux les avertir qu’il est possible que je quitte subitement une réunion. J’ai de la chance qu’ils soient compréhensifs et qu’ils acceptent que je leur dévoile mon côté vulnérable en milieu de travail.

Accepter de ne pas pouvoir terminer une tâche

Je confesse qu’il m’arrive de me fâcher lorsque mon cerveau me rend incapable de terminer mon travail. Je sais que je suis une personne compétente, mais la douleur causée par ma migraine m’empêche souvent de réfléchir. Lorsque cela se produit, je fais de mon mieux pour ne pas me fâcher et accepter que je ne pourrai pas finir la tâche à ce moment-là.

Pour faire face à ce type de situation, j’évite généralement d’attendre la dernière minute pour faire quoi que ce soit. Je ne veux surtout pas être confrontée à une échéance en même temps qu’un brouillard cérébral intense. Cela veut dire que je dois parfois éteindre mon ordinateur et attendre au lendemain, lorsque mes pensées seront plus claires, pour terminer mon travail — ce que je trouve difficile à faire.

Me féliciter pour mes petites victoires

Tout comme je me motive à sortir du lit chaque matin, je me motive aussi tout au long de ma journée de travail. Parfois, je me fixe de petits objectifs, comme « envoyer ces trois courriels dans les 15 prochaines minutes ». D’autres fois, je m’encourage en me promettant un thé au gingembre ou un sac de bretzels lorsque j’aurai terminé une tâche sur ma liste. Peu importe l’objectif ou la récompense, je tiens à me féliciter pour les petites victoires que je remporte tout au long de la journée.

Tirer avantage des moments de répit

Lorsque ma douleur et mon brouillard cérébral s’atténuent, j’ABATS une énorme quantité de travail et je ne m’arrête que lorsque j’ai épuisé ma liste de choses à faire. Comme les journées où je me sens forte et en pleine possession de mes moyens sont rares, je profite pleinement de ces moments pour en faire le plus possible.

Me faire confiance

Pendant des années, j’ai ressenti de l’anxiété, craignant que la migraine me ralentisse et me rende moins productive et moins compétente. Même si la migraine a probablement tous ces effets dans une certaine mesure, j’ai maintenant l'assurance que j’arriverai à tout terminer — même lorsque la douleur me met des bâtons dans les roues.

Faire le vide de retour à la maison

Même si ce n’est pas toujours possible, je trouve qu’il est important de prendre une pause après une journée ou une semaine de travail épuisante. Faire le vide dans ma tête après le travail me permet de prendre une bonne pause et d’être plus efficace le lendemain au bureau.

Ce qu’il faut retenir

Je le répète, il est difficile de travailler lorsque la douleur est omniprésente. Je sais cependant que ressentir une douleur constante tout en ne travaillant pas est nettement plus difficile. Lorsque j’étais trop malade pour travailler, j’ai complètement perdu mon autonomie et la satisfaction que procure le fait d’occuper un emploi me manquait.

Malgré les défis que je dois relever, je réalise que je suis chanceuse de pouvoir travailler dans ces circonstances. Je suis reconnaissante pour chaque journée où je peux continuer à avancer dans ma carrière malgré la douleur.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur la prise en charge de la migraine, consultez votre médecin ou votre équipe de soins de santé.

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